Postumus, premier empereur romain des Gaules, ne fit ni une ni deux quand il apprit que Laelianus, un obscur gouverneur de Germanie supérieure, prétendait lui ravir la pourpre impériale. Il rassembla ses troupes, fonça vers Moguntiacum (Mayence) et battit à plates coutures l'armée de son rival.
Laelianus périt dans la bataille ou peu après.
Postumus s'était une nouvelle fois couvert de gloire, mais ses soldats, eux, maugréaient à tout va. Cette guerre fratricide ne leur avait rapporté rien d'autre que des ampoules aux pieds et des cors aux mains. Nul butin à se mettre sous les pattes ! Aussi pour se dédommager, ils exigèrent le pillage de la ville Mayence, capitale de l'ennemi vaincu. Postumus refusa catégoriquement et fut tué par ses propres soldats, mutinés (été 269).
Les colériques légionnaires de feu Postumus se rendirent bien vite compte que ce crime absurde, c'était vraiment une boulette sans nom. La mort prématurée de l'empereur gaulois laissait un vide énorme : il avait fallu toute l'énergie de ce chef hors du commun pour tenir la dragée haute à ses turbulents sujets gaulois si prompts à la révolte ainsi qu'à tous les ennemis de cet "Empire romain des Gaules" qu'il avait créé. Seul un type comme Postumus avait été capable de repousser non seulement ces envahisseurs barbares qui franchissaient le Rhin à la moindre occasion pour tout ravager, mais aussi l'empereur de Rome, ce Claude le Gothique qui avait hérité de son prédécesseur Gallien le vif désir de mettre fin à la sécession des Gaules.
Sous peine de disparaître, l'État gallo-romain devait donc au plus vite se doter de "la perle rare" susceptible de remplacer au plus vite l'irremplaçable Postumus ! Faute de meilleur candidat sur place, le choix des légionnaires stationnés à la frontière du Rhin se porta sur un certain Marius.
Faut-il croire le rédacteur anonyme que l'Histoire Auguste (début du Ve siècle) quand il prétend que ce Marius, ancien forgeron, était d'une force herculéenne ? Qu'avec son index, il stoppait net de lourds chars à bœufs ? Que d'un seul doigt, il terrassait tous les grands costauds qui lui étaient opposés et que ceux-ci souffraient de cette pichenette comme s'ils avaient reçu un véritable coup de massue ? Enfin faut-il suivre ce fantaisiste auteur quand il prétend que Marius ne régna que trois jours : "Le premier jour, il fut élu, le deuxième, il assuma l'Empire et le troisième, il fut assassiné" ?
À l'instar de l'empereur Maximin le Thrace, Marius, deuxième souverain de l'Empire romain des Gaules, était sans doute issu d'un milieu très modeste. Cependant, même s'il avait peut-être, dans sa jeunesse, tâté d'un métier manuel - celui de forgeron, si l'on veut ! - il était certainement militaire. Il avait même certainement atteint un certain grade lorsqu'il accéda à l'empire. Si Marius n'avait été un officier compétent (et populaire) jamais ses soldats ne l'eussent proclamé empereur !
On peut également concevoir que son nom, Marcus Aurelius Marius, fut perçu comme d'heureux augure puisqu'il alliait celui de l'empereur philosophe Marc Aurèle à celui de Marius, cet tmperator populiste de la fin IIe siècle av. J.-C, vainqueur des Cimbres et des Teutons. Il est cependant permis de douter que cette prometteuse homonymie ait suffi à assurer le trône à notre Marius ; il devait sûrement receler d'autres qualités !
Quant à la durée de son règne, elle doit se compter en mois plutôt qu'en jours ! Sinon comment expliquer les nombreuses monnaies qui furent émises à son effigie, tant à Mayence qu'à Trèves ou à Cologne.
Pour le reste, on ne sait presque rien de Marius.
Il est possible qu'après avoir permis à ses soldats de piller Mayence, histoire de bien s'assurer de leur loyauté, il se soit replié sur Augusta Treverorum (Trèves) où il fut égorgé par les mêmes soldats qui l'avaient élu (décembre 269 ?).
Il fut remplacé à la tête de l'empire par Victorinus. Celui-ci fut proclamé empereur non deux ou trois jours après l'avènement de Marius, mais bien deux ou trois mois après son meurtre. Ne confondons pas !